Le propre du chercheur est de savoir que le champ de la recherche n’est jamais clos…à plus forte raison s’agissant de Marcel Proust. Il reste probablement des centaines de lettres ou de documents (entre autres, le cahier de Mme Proust, l’album « Confidences de salon ») dans les mains des familles de destinataires ou de collectionneurs privés.
Mais avouons-le, c’est une vraie surprise que la mise en vente de ce questionnaire proposé au jeune garçon le 25 juin 1887, soit un peu moins de trois mois avant celui de l’album d’Antoinette Faure que j’ai exploré dans Une jeunesse de Marcel Proust. En soi, rien d’étonnant, ce genre d’exercice ludique était des plus répandus à l’époque. On ne peut que rapprocher cette brochure du questionnaire rempli par Cézanne dans l’album du Musée des familles, ainsi que le fait remarquer Jean-Claude Lebensztejn. Tout laisse à penser que ces pages ont été détachées d’un tel album.
Le plaisir vient de la découverte, par le libraire Laurent Coulet, de cette mince brochure intitulée Mes confidences, composée de deux doubles feuillets, signée et datée par Marcel Proust lui-même. Certaines réponses sont charmantes et révélatrices. D’autres un peu maniérées, et obliques dans leur dérobade. A la fois enfantin, et déjà semblable à lui-même dans ses goûts intellectuels et affectifs, il adopte pour devise « Amour et doute » , autant dire une devise « proustienne » avant l’heure. il est vrai que déjà, son occupation préférée est « Aimer ». Déjà, il aime une fillette russe, Marie de Benardaky, qui ne le paie pas de retour. Déjà, il se sait très » sentimental ». Déjà, il prétend ne pas aimer faire de phrases. Déjà, il en fait.
(Documents aimablement transmis par M.Lebensztejn).
(Librairie Laurent Coulet – 166, boulevard Haussmann – 75008 Paris)